Discussions modérées par Émilie Renard avec la participation d'Antonio Cataldo
Cette deuxième rencontre adopte une perspective à la fois sociale, économique et historique afin de cartographier et déconstruire les conditions structurelles et matérielles générant des pratiques institutionnelles asymétriques. Sont considérées de multiples approches animant la sphère culturelle, à la croisée des pensées féministes, post-coloniales, queers ou intersectionnelles.
Éducation artistique et reproduction sociale
Sepake Angiama & Vanessa Desclaux
Comment, depuis le champ de l'art, les actions de médiation et d'éducation permettent-elles de créer des espaces interstitiels qui agissent comme des interfaces sociales ? En quoi ces espaces intermédiaires proposent-ils d'autres manières d'être ensemble que celles permises par les espaces habituels de présentation des œuvres d'art ? Dans un cadre institutionnel, quelles marges peuvent être ouvertes par les programmes éducatifs à des formes de création spécifiques ? En quoi ces programmes permettent-ils aux institutions artistiques de s'ancrer localement et durablement, et ainsi d’entrer en résonance avec leur propre contexte ?
Interroger la notion d’opacité dans un contexte de recherche de transparence
Marthe Ramm Fortun & Dora García
Qu’en est-il de la transparence ? Avons-nous toujours des discussions transparentes et honnêtes sur les conditions de travail dans un monde de l’art dont on sait qu’il n’est pas strictement réglementé ? La transparence des institutions (budget, conditions matérielles, gestion) garantit-elle des relations de pouvoir plus équilibrées (entre les artistes, les étudiant·es, les équipes, les conseils d’administration et les publics) ? Ou bien est-elle un outil de contrôle lorsqu’on aurait besoin au contraire d’une certaine intimité et opacité pour initier des lieux sûrs et éviter toute forme de censure ? Qu’en est-il de la confiance, de l’intimité et de l’opacité ?
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• Émilie Renard
Curatrice et critique d’art depuis 2000, Émilie Renard est directrice de Bétonsalon – centre d’art et de recherche (Paris) depuis janvier 2021. De 2019 à 2021, elle est autrice associée à La Criée, centre d’art contemporain (Rennes). De 2012 à 2018, elle a dirigé La Galerie, centre d’art contemporain de Noisy-le-Sec et de 2009 à 2012, elle a été curatrice associée de la Triennale de Paris avec Mélanie Bouteloup, Claire Staebler, Abdellah Karroum et Okwui Enwezor, son directeur artistique. Sa pratique curatoriale prend appui sur la capacité de l’art à agir au sein des structures sociales et de l’imaginaire, à transformer perceptions personnelles et représentations collectives. Dans une approche féministe intersectionnelle, elle est attentive aux rapports de pouvoir qui opèrent au sein des institutions et des collectifs, distribuent les rôles et hiérarchisent les pratiques.
• Sepake Angiama
Sepake Angiama est directrice artistique de l'Institute for International Visual Arts (Iniva) à Londres, où la Stuart Hall Library constitue une ressource précieuse pour alimenter un discours mondialisé sur la pratique d'artistes et de curateur·rices autochtones, d’Amérique latine, d’Afrique, d’Asie, des Caraïbes et des diasporas. Elle a été co-curatrice de la Chicago Architecture Biennial et a initié Under the Mango Tree, un rassemblement auto-organisé autour des pratiques de décolonisation et de désapprentissage. Elle a suivi des études curatoriales dans le domaine de l'art contemporain au Royal College of Art de Londres, où elle a reçu le prix Monique Beudert.
• Vanessa Desclaux
Actuellement responsable du Pôle des attentions (service des publics et programmation culturelle) au Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA, Vanessa Desclaux est titulaire d'un doctorat en Curating (Goldsmiths, Université de Londres). Son travail de thèse s’est intéressé à l’impact du néolibéralisme sur la pratique de commissaire d’exposition dans le champ de l’art contemporain, proposant d’envisager des formes de résistance à la normalisation de cette pratique à travers les notions de passivité et de fabulation. Commissaire d’exposition et autrice, elle s'occupait entre 2009 et 2010 du programme d'exposition de Bloomberg Space à Londres. De 2006 à 2009, elle a travaillé pour la Tate Modern en tant que commissaire assistante sur de nombreux projets d’expositions et de performances. De septembre 2016 à juillet 2017, elle était curatrice associée auprès d'Émilie Renard à la Galerie, centre d'art de Noisy-le-Sec. Elle a également été commissaire d'exposition associée pour l'exposition Michael Jackson : On The Wall au Grand Palais (23 novembre 2018 - 14 février 2019).
• Marthe Ramm Fortun
Les performances de Marthe Ramm Fortun se manifestent comme des narrations in situ, ponctuées par des « délimitations sculpturales » éphémères. En cherchant à accéder à des espaces institutionnels fermés, Marthe Ramm Fortun questionne l'autonomie à travers la perte de contrôle et le corps nu comme masque iconoclaste. Elle est professeure associée à la Oslo National Academy of the Arts et a réalisé des performances dans de nombreux lieux, tels que Bozar, Bruxelles ; La Monnaie de Paris ; KW Institute for Contemporary Art, Berlin et le Musée d'art contemporain de Montréal. Elles travaillent à des commandes pour le Henie-Onstad Art Center et le National Museum of Art, en Norvège.
• Dora García
Dora García est artiste, professeure, curatrice et écrivaine. Elle vit à Oslo. Depuis la fin des années 1990, son travail a notamment été exposé au Münster Sculpture Projects en 2007, à dOCUMENTA13 en 2012, et à la Biennale de Venise en 2011, 2013 et 2015. Elle a réalisé plusieurs films, dont le plus récent s’intitule If I Could Wish for Something (2021), et elle est engagée dans plusieurs projets collectifs tels que The Hearing Voices Café et Rose Hammer. Dora García travaille actuellement sur un nouveau projet de film et d'écriture, intitulé Amor Rojo.